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1.1. 2006: Année de l’égalité des chances. Grandes écoles et universités.

C’est promis: 2006 sera «l’année de l’égalité des chances», décrétée grande cause nationale. Telle est la déclaration du Premier ministre français, Dominique de Villepin. Ceux qui avaient mal à leur France des droits de l’Homme, parce qu’elle laissait à la porte de l’enseignement supérieur les enfants d’ouvriers et des milieux défavorisés, seront soulagés.

Le très célèbre et élitiste Institut d’études politiques (IEP) de Paris, plus connu sous le nom de Sciences-Po, s’y est déjà engagé depuis cinq ans maintenant. Richard Descoings, son directeur depuis 1996, n’a eu de cesse de réformer l’institution. Parmi ses chevaux de bataille, l’intégration des enfants d’ouvriers, d’employés et de chômeurs, et la réforme des frais de scolarité de 5 000 euros pour les familles les plus riches à la gratuité pour les plus modestes.

Pour le partage de l’excellence

Depuis 2001, en effet, Sciences-Po a créé une dérogation à son concours d’entrée, organisant des oraux de sélection réservés aux élèves des lycées classés en zone d’éducation prioritaire, c’est-à-dire situés dans les quartiers populaires des territoires défavorisés. Sept établissements étaient alors partenaires. On en compte aujourd’hui 33, principalement en Ile-de-France et dans l’Est. Concrètement, les professeurs de ces lycées repèrent et encouragent les élèves qui ont un potentiel, soit 189 depuis 2001. Certes, ces derniers ne passent pas les mêmes épreuves que les autres concurrents, car ils seraient forcément disqualifiés, surtout en culture générale. Mais, les résultats le prouvent: ce déficit n’est pas une fatalité, le décalage culturel est rattrapable. Perrine, Naouale et Ambreen, tous trois âgés de vingt et un ans, sont aujourd’hui en quatrième année et se présenteront l’an prochain au concours d’entrée de l’École nationale de la magistrature.

Dans le même esprit, Pierre Tapie, le directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), l’une des écoles européennes de management les plus renommées, a mis en place, depuis 2002, le projet «Une prépa, une grande école, pourquoi pas moi?», avec en particulier des séances de tutorat confiées aux étudiants de l’Essec. Sans viser à l’intégration directe, ce programme assure un soutien pour les élèves des «zones urbaines sensibles», de la classe de seconde à la terminale, et s’adresse actuellement à 85 lycéens dans huit lycées du Val-d’Oise, dans la banlieue parisienne.

C’est aussi pour «ouvrir plus largement aux jeunes des milieux modestes l’Université et les grandes écoles», tel que l’a souhaité le président Jacques Chirac lors de ses voeux pour 2006, que Ouraoui Mehdi, ancien élève de l’École normale supérieure de Paris et président de la Conférence Périclès, club intergrandes écoles pour la diversité sociale dans l’enseignement supérieur, a appelé chacune des 175 institutions à parrainer les élèves des 130 lycées des zones d’éducation prioritaires.

Des initiatives encouragées par Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, et François Goulard, ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, qui ont lancé, en septembre 2005, un appel à projets aux universités pour les inciter à promouvoir l’égalité des chances. L’égalité remise au programme scolaire!

Label France. 2006. № 62